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Le beffroi de Gensac
Ecoutez le chant redondant de la cloche du beffroi ! Ding... Ding... Dong… Les lentes volées se perdent dans les nuages affolés, vêtus de taffetas gris menaçant et d’albâtre pure. Majestueux dans sa lourde robe de bronze, le bourdon clopinant se balance dans son kiosque aux allures byzantines. Ding... Dong... Le coq, la tête fière dans les cieux zébrés de vents et nuées, se trémousse en oscillant sur sa barre triste et froide. Bleutée par les ondes des siècles qui ont frôlé son existence, cette cloche a un charisme imposant. On dirait une grande oratrice, rivalisant avec les glorieux prêcheurs ou juges, dans sa chaire céleste. Elle crie à Bossuet l'écho de cette oraison "vanité des vanités, tout est vanité". Cet hymne vibre et éveille les mortels de leurs rêves d’absolu. Le temps passe, sonne le funeste destin des humains soumis aux règles enragées des heures. Chaque quart d’heure, la cloche rappelle à la réalité tous les fuyards idéalistes, annonçant la fin des songes hors du temps.
Elle fait la maligne sous son toit protecteur, entourée de volutes flatteuses, car elle sait qu’aucun villageois ne pourra échapper à sa mélodie. A l’aube naissante, elle s’éveille avec le jour, et somme Morphée de quitter les draps des dormeurs. De là-haut, elle n’entend pas les mugissements incompréhensibles des êtres peu matinaux. De toute manière, elle ne s’en excusera pas, puisque c’est son devoir que de rythmer la journée. Elle est le métronome, et donne la mesure à tous les êtres avoisinants. Elle sonne aussi au crépuscule le regret du jour qui se noie dans un fleuve de lumières orangées. Du glas aux noces heureuses, tous les événements susceptibles d’être des souvenirs habitent sous ce beffroi sonore. Entre soupirs mélancoliques et cris de joies, la cloche a un bien grand rôle sur la scène des villages de France.
Sous cet écho de bronze, repose les trésors des siècles. Ô combien de "dong" mystiques ont vibré sous cette cloche ! Combien de grandes personnes au cœur noble et vaillant ont tressailli au son de cette mélodie perchée ! Ecoutez résonner les vers du romantique Lamartine, ces mots invisibles qui montent sous les arcanes sacrées des poètes divins : "Chante ! Des cœurs brisés le timbre est encore beau ! Que ton gémissement donne une âme à la pierre, des larmes aux yeux secs, un signe à la prière, une mélodie au tombeau !"
Lieu | Gensac en Gironde (France) |
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Support | Papier aquarelle 300g |
Format | 30x40 |